Au cours des dix dernières années, le domaine de la sécurité publique a drastiquement changé. Cela n’a pas seulement affecté la manière de conduire les opérations, mais également comment nous devons nous conduire.
La hausse des caméras portées par les policiers, les poursuites judiciaires entre villes et citoyens ainsi que les tensions entre la population et agents de la paix ont occasionné de nombreuses altercations et fusillades qui ont contribué à modifier la profession de policier. Les services incendies et ambulanciers ont également connu de grands bouleversements au cours de la dernière décennie, notamment en ce qui a trait à l’équipement, aux protocoles et aux demandes croissantes qu’on ne cesse de leur imposer. En effet, les exigences envers les pompiers, ambulanciers, policiers ainsi que les gestionnaires d’urgence sont de plus en plus élevées. Pourtant, les budgets ne cessent de diminuer. Alors que plusieurs changements ont remodelé la fonction publique dans son ensemble, l’embauche de nouveaux employés et le départ à la retraite de personnes expérimentées n’a rien de nouveau cependant.
Dans le passé, il était commun de graduer du secondaire, appliquer pour un emploi au sein du service incendie ou policier de sa localité et avoir de très fortes chances d’être embauché lors du premier ou deuxième processus d’embauche. La plupart du temps, on y faisait carrière pendant 20-30 ans, avec un salaire stable, des assurances et plusieurs autres bénéfices qui étaient plus que suffisants pour supporter sa famille. Malheureusement, cette époque est loin derrière nous. De nos jours, les processus d’embauche sont très compétitifs ce qui signifie que les chances d’être engagé sont plutôt faibles étant donné qu’il y a souvent 200 personnes qui appliquent pour le même poste. De plus, la sécurité d’emploi est de plus en plus compromise étant donné le climat politique, les compressions budgétaires et le fait que les vétérans quittent de moins en moins leur emploi en raison d’une pension de retraite insuffisante. Pour aggraver les choses, les étudiants qui désirent faire carrière en sécurité publique s’endettent de plus en plus afin d’obtenir une formation et des connaissances qui leur permettront de se démarquer des autres candidats.
En raison des contraintes élevées, de la forte compétition et de la pression exercée sur les agences de sécurité publique, c’est à se demander pourquoi quelqu’un voudrait exercer un métier dans le domaine. Pourtant la raison est bien simple. C’est que ce métier fait partie de nous et c’est ce que nos rêves et inspirations nous poussent à faire. Il y a quelques mois, j’ai eu la chance d’agir à titre de mentor pour quelques-uns de mes anciens collègues qui désiraient débuter une carrière dans le milieu incendie. Ils étaient très qualifiés, possédaient de l’expérience, étaient tous en très bonne santé physique, en plus de posséder un diplôme universitaire. Aucun d’entre eux n’a cependant été sélectionné pour passer une seconde entrevue. Malheureusement, plusieurs candidats de la génération des milléniaux sont tout simplement ignorés à cause de leur âge ou parce qu’on considère que les jeunes de cette génération sont lâches et capricieux. En résumé, on les juge les stéréotypes plutôt que la personne elle-même.
Pourtant, j’ai eu la chance de travailler avec de nombreux milléniaux qui m’ont grandement impressionné sur le plan physique, mais également au niveau mental et émotionnel. La vérité est que la jeunesse doit être formée et encadrée sans compter qu’on doit leur donner la possibilité diriger si l’on souhaite qu’ils gèrent leur département avec confiance ainsi qu’avec des compétences élevées. De plus en plus, on demande aux policiers et pompiers d’accomplir des tâches qui dépassent leur rôle traditionnel au sein de leur communauté. En ce sens, on doit donc encourager les jeunes à être plus polyvalents. Malheureusement, plusieurs agences de sécurité publique rejettent la jeunesse parce qu’ils ne savent pas comment canaliser leur énergie ou encore comment gérer leurs ambitions.
Canaliser, l’enthousiasme, l’ambition et le charisme de quelqu’un peut parfois être difficile à faire. Cependant, cela contribue grandement à bâtir la prochaine génération de leaders. L’une des choses que nous pouvons faire pour aider nos jeunes est de les encourager à explorer de nouvelles spécialités tout en leur fournissant suffisamment de liberté afin qu’ils deviennent des experts dans leur domaine. Par exemple, offrir la chance à un jeune pompier ou policier d’explorer certaines spécialités telle que HAZMAT ou enquête permet non seulement d’augmenter leur niveau de connaissances, mais également de les encourager à croître dans l’organisation tout au long de leur carrière.
Lorsque j’ai débuté ma carrière dans les services incendies, je me faisais constamment dire de calmer mes ardeurs et de prendre mon temps. J’avais l’impression qu’on tentait de restreindre mon ambition plutôt que de m’encourager à grandir et perfectionner mon métier. Heureusement, quelques bons mentors sont apparus sur mon chemin et m’ont aidé à canaliser cette énergie ce qui m’a permis de découvrir plusieurs spécialités qui sont désormais ma force. Rien de tout cela n’aurait été possible si mes supérieurs avaient tenté de taire mes ambitions plutôt que de les canaliser dans quelque chose de positif. D’ailleurs, vous serez peut-être surpris d’apprendre que de récentes études démontrent que les milléniaux sont davantage motivés par le travail qui leur semble significatif plutôt que par la compensation monétaire.