Leçons tirées de l’OTAN
Dans un contexte mondial de plus en plus complexe et incertain sur le plan de la sécurité, l’interopérabilité des systèmes de communication exerce un effet multiplicateur de force en matière d’efficience et de rentabilité opérationnelle.
L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) s’emploie activement à améliorer les capacités de coopération de ses forces militaires depuis la fondation de l’Alliance en 1949. Quand l’OTAN a commencé à diriger des opérations hors zone dans les années 1990, l’interopérabilité a d’ailleurs gagné en importance. L’OTAN s’est notamment associée à des alliés dans un grand nombre d’opérations, allant de l’aide humanitaire et des missions de maintien de la paix aux opérations de réponse aux crises, où la communication fluide est essentielle à la réussite des missions.
Puisqu’un nombre croissant de nations se sont jointes à l’organisation, l’interopérabilité est devenue plus épineuse en raison des différents systèmes de communication que détiennent ces nouveaux membres de l’OTAN. Une alliance de 30 nations peut uniquement fonctionner efficacement en synergie lors d’opérations conjointes lorsque les outils et les méthodes de communication nécessaires pour assurer la coopération harmonieuse sont en place.
L’interopérabilité : essentielle à la coopération
L’OTAN définit l’interopérabilité comme la capacité à agir ensemble de manière cohérente, efficiente et efficace en vue d’atteindre les objectifs tactiques, opérationnels et stratégiques des alliés. Ce concept renvoie également à la condition à établir pour assurer l’échange direct et satisfaisant de l’information ou des services entre les différents dispositifs de communication ainsi qu’avec leurs utilisateurs.
Afin d’assurer l’efficacité des opérations conjointes et multinationales, il faut mettre en place des systèmes de communication interopérables qui aident le commandant des forces conjointes et les commandants subordonnés à assurer le commandement, le contrôle et la communication (C3) efficaces au sein des forces militaires, et ce, à la fois sur le plan vertical et horizontal.
Or, des problématiques liées à l’interopérabilité peuvent survenir dans tous les aspects des conflits armés, qu’ils soient stratégiques, opérationnels, tactiques ou technologiques. Il importe ainsi de traiter ces aspects de manière proactive avant qu’une crise ne se déclenche.
L’interopérabilité optimise les échanges de renseignements entre l’OTAN et les nations partenaires; elle est un outil essentiel qui aide les chefs militaires à prendre des décisions plus justes plus rapidement, grâce à une meilleure connaissance de la situation. Cette capacité contribue non seulement à la réussite de la mission, mais elle est également au service des femmes et des hommes de nos forces armées en réduisant le risque opérationnel tout en assurant leur sécurité.
En fonctionnant en synergie fluide, les systèmes de communication interopérables font en sorte que toutes les forces ensemble ont un plus grand effet que la somme de leurs éléments individuels. Sans l’interopérabilité éprouvée et vérifiée de l’équipement de communication, les renseignements opérationnels cruciaux courent un grand risque de ne pas être échangés entre les commandements et les capacités.
Toutes les missions de l’OTAN dépendent de capacités de communication entièrement interopérables, afin de renforcer leur état de préparation et de réussir leur mission. Il est essentiel que les forces de l’OTAN et des nations partenaires œuvrent conjointement et harmonieusement et « agissent d’un seul tenant », dès que et là où ce devient nécessaire.
Il existe de vastes disparités technologiques entre les systèmes de communication des forces de l’OTAN. Par ailleurs, l’interopérabilité est souvent limitée par le participant le moins doué sur le plan technologique. Le soutien aux communications efficaces assure ainsi la maîtrise de différents éléments aériens, maritimes, terrestres et spatiaux très dispersés.
En réalisant des exercices d’interopérabilité, les forces militaires nationales peuvent évaluer de manière proactive l’interopérabilité de leurs capacités et l’optimiser bien avant une confrontation avec leurs adversaires sur le champ de bataille. Les alliés et les partenaires de l’OTAN consolident leur interopérabilité en temps de paix, ce qui accélère l’établissement de coalitions efficientes, soit un facteur clé des opérations de combat importantes éventuelles.
Le « Coalition Warrior Interoperability Exercice » (CWIX) de l’OTAN
L’exercice d’interopérabilité « Coalition Warrior » (CWIX) est conçu pour répondre aux besoins en matière d’évaluation de l’interopérabilité. Le CWIX est l’activité d’interopérabilité de premier plan de l’OTAN destinée à satisfaire à un vaste éventail d’exigences en matière de validation et de vérification de l’interopérabilité.
Cet exercice est mené selon une approche opérationnelle et il bénéficie du soutien technique de toutes les parties concernées. Le CWIX met l’accent sur les systèmes qui devront être rapidement déployés aux zones d’opération militaire. Le CWIX assure aux participants un environnement contrôlé d’essai et de détermination et de résolution des problèmes liés à l’interopérabilité de leurs systèmes de communication afin d’épargner des vies et épargner de l’argent.
Grâce au CWIX, l’échange de renseignements cruciaux entre les possibles partenaires de mission est mis à l’épreuve et confirmé avant tout déploiement. La vérification de cette interopérabilité est critique à la réussite d’une mission et elle contribue à l’état de préparation militaire et l’efficience de l’OTAN. Les nations mettent en pratique l’interopérabilité entre les radios tactiques mobiles en prévision de la force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (Very High Readiness Joint Task Force), dans le but de confirmer l’état de préparation de type « jour zéro » des capacités de commandement et de contrôle susceptibles d’être déployées.
Le CWIX met l’accent sur les systèmes qui seront déployés lors d’opérations dirigées par l’OTAN, particulièrement celles qui sont associées au Federated Mission Networking (FMN) en soutien à l’état de préparation militaire.
Comment atteindre un degré plus élevé d’interopérabilité
L’interopérabilité entre les systèmes de communication est l’un des principes stratégiques principaux de l’OTAN, selon la doctrine conjointe des forces alliées relatives aux systèmes de communication et d’information (Allied Joint Doctrine for Communication and Information Systems) (AJP-6).
Au sein d’une coalition dirigée par l’OTAN avec des entités non membres de l’OTAN, la prestation de services et de renseignements dépend de la mission, des relations définies et de la capacité des participants à utiliser des systèmes de communication et d’information. L’évaluation proactive de l’interopérabilité des dispositifs de communication avec des partenaires possibles réduit les délais de déploiement et les coûts tout en évitant la défaillance du système lors de missions de réponse aux crises.
La mission de sécurité de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) dirigée par l’OTAN en Afghanistan est un parfait exemple qui révèle toute la complexité des opérations multinationales. Plus de 40 nations ont fourni des troupes à la FIAS, la plupart ayant emmené leur propre matériel de communication et leurs systèmes d’information de commandement et de contrôle de type C2IS au théâtre de la mission. Les expériences découlant de la mission en Afghanistan soulignent l’importante nécessité de l’interopérabilité efficace des communications, afin de maintenir le contact entre les différentes forces de la coalition.
Afin de satisfaire de manière efficiente et efficace aux différents principes stratégiques relatifs aux communications, les systèmes de communication devraient répondre à un certain nombre de caractéristiques générales. La souplesse facilite l’adaptabilité dynamique de l’équipement aux changements quant à l’ampleur de l’effort, au rythme des opérations, à la posture et aux pannes. On doit ainsi être en mesure de faire face aux situations changeantes et aux opérations diversifiées avec un minimum de perturbation ou de retard.
L’interopérabilité technique est établie dans les accords de normalisation de l’OTAN (STANAG) qui abordent les caractéristiques techniques et les interfaces nécessaires aux systèmes de communications en zone tactique et aux systèmes de radio de réseau de combat qui sont cruciaux aux communications terrestres.
Par ailleurs, le peu de normalisation en matière de fourniture et de développement de systèmes de commandement et d’information (SIC) au sein de l’OTAN et de ses nations membres a entraîné la mise en place de nombreux formats disparates qui nuisent à l’interopérabilité. Comme l’ont souligné des chefs de commandement du U.S. Army Futures Command, « les communications radio tactiques avec les partenaires de la coalition sont l’un des problèmes principaux que nous avons tenté de résoudre. » Par conséquent, le processus d’approvisionnement en équipement radio est d’une importance critique. Sur le plan tactique, les forces de la coalition doivent être en mesure de communiquer instantanément. Or, des dispositifs facilitant le fonctionnement synergique des systèmes disparates dans des environnements sécurisés peuvent assurer ces communications.
En apprendre davantage sur nos capacités d’interopérabilité
Avant de s’approvisionner en dispositifs de communication, il faut ainsi envisager non seulement les besoins en communication interne des équipes, mais également les exigences en matière d’échange de renseignements avec les partenaires possibles lors d’opérations en réponse aux crises.
