Les efforts que vous déployez sur le plan de la défense dans le cadre de la coalition laissent paraître une certaine vulnérabilité. Toutefois, cette faiblesse n’a rien à voir avec votre armement. Elle n’a également rien à voir avec votre entraînement, quoiqu’un entraînement inapproprié accentue cette faiblesse. Les processus et l’équipement de communication déficients de la coalition nuisent subrepticement à votre efficacité. À moins de régler ce problème, vous pourriez connaître des délais de réponse plus longs, des difficultés politiques et davantage de pertes humaines.
Le coût élevé des communications déficientes de la coalition
Les forces occidentales déployées en Afghanistan au début du nouveau millénaire ont dû faire face à des problèmes constants, notamment sur le plan des communications. Comme il a été souligné dans un rapport RAND portant sur les leçons tirées du réseau de mission des forces afghanes (intitulé Lessons Learned from the Afghan Mission Network) :
« En dépit de son utilité manifeste, un réseau de mission unifié destiné aux forces de la FIAS n’a pas émergé. Trois facteurs interreliés sont en cause : 1) les renseignements détenus par les différents pays et les pratiques de partage des données sont demeurés plutôt cloisonnés; 2) les préoccupations conventionnelles et de longue date en matière de sécurité ont éclipsé la nécessité opérationnelle; et 3) des difficultés associées à la connexion de systèmes nationaux et fonctionnels disparates sont survenues. »
Remarque : l’International Security Assistance Force, désignée par l’abréviation « ISAF » est une force militaire autorisée par les Nations Unies en 2001 à reconstruire le pays et à atteindre certains autres objectifs.
En pratique, les processus de communication pour l’OTAN étaient essentiellement structurés et définis par les forces britanniques et américaines. Compte tenu du fait que ces pays avaient affecté le plus grand nombre possible de ressources militaires à la région, la reconnaissance de leurs préférences est raisonnable à un certain point. Cependant, cette approche fragmentée relative aux communications de la coalition a eu pour effet de ralentir les opérations et d’accroître le stress sur le terrain.
Écarter les obstacles à la communication à l’aide de cette liste de vérification
Comme les préoccupations quant à la cybersécurité ont tendance à se généraliser, les communications de la coalition continueront à rencontrer de la résistance et du scepticisme quant à leur intégration complète. Cependant, cette réalité ne ferme pas pour autant la porte à l’amélioration.
1) Définir l’art du possible
Comme le dit l’adage, la politique est l’art du possible. Cette philosophie s’applique également à l’amélioration des communications de la coalition. Cependant, une certaine part de recherche est nécessaire pour découvrir ce qui est possible. Commencez en évaluant les ententes avec les autres alliés afin de déterminer ce qui est possible. Par exemple, si vous collaborez avec des partenaires de l’OTAN, vous pourriez tirer parti des protocoles de l’OTAN.
Qu’arrive-t-il si vous ne disposez pas d’une entente précise en matière de communications? Cette situation est possible. Le cas échéant, vous devrez trouver des exemples indirects. Disposez-vous notamment d’accords, de traités ou de protocoles d’entente qui encouragent la coopération de façon générale? Dans ce cas, vous pourrez démontrer que l’amélioration de la communication est facilitée par ces ententes générales.
2) Exposer les détriments des communications déficientes de la coalition
La définition de ce qui est possible sur le plan de la communication est une excellente première étape. Maintenant, comment inciter vos supérieurs et d’autres organisations à accroître l’intégration des communications? Vous devez définir les détriments du statu quo.
L’expérience de votre organisation doit servir de fondement à votre démonstration. Pour faciliter votre processus, utilisez les éléments suivants :
- Retards dans les processus de communication – La communication non uniforme ralentit la coopération. Considérez un cas où les communications lentes auraient nui à vos résultats. Envisagez d’utiliser comme exemple la violente attaque sur la colline du Parlement. La mauvaise communication entre les différents groupes de sécurité et de police dans le secteur a contribué à l’ampleur des dommages.
- Augmentation des dépenses opérationnelles – Quel est le coût des communications déficientes? Vous pourriez être amené à affecter davantage d’effectifs aux postes de communication et de coordination.
Qu’arrive-t-il quand les communications sont déficientes lorsque les soldats de votre pays sont appelés à coopérer avec des alliés? Vous risquez de connaître des retards et davantage de frustration sur le terrain.
3) Déterminer les améliorations tactiques
Les premières étapes ont souligné l’importance de ce qui est possible de faire et les conséquences de ne rien faire pour améliorer le statu quo des communications tactiques. Votre prochaine démarche consiste ainsi à commencer modestement. Mais dans quelle mesure? Vous pourriez commencer par une seule opération dans un seul secteur où des opérations sont en cours avec un partenaire de la coalition.
Afin d’orienter vos efforts, envisagez cette idée en vue d’améliorer les communications tactiques : concevez un exercice d’entraînement visant à améliorer la confiance mutuelle avec un partenaire de la coalition et les compétences en communication. Davantage de formation linguistique peut s’avérer nécessaire afin de s’assurer que tous les partenaires se comprennent bien.
4) Accroître l’interopérabilité des communications une mission à la fois
Une fois que vous disposez d’une liste d’améliorations des communications tactiques, vous pouvez lancer une discussion avec votre partenaire de la coalition. Nous vous recommandons de cibler une mission susceptible d’être menée dans les 90 prochains jours. Cette mission peut prendre la forme d’un exercice prévu ou d’une mission d’entraînement, ou encore d’une activité faisant partie de vos opérations courantes.
Quand vous expliquerez votre idée à votre partenaire, il se peut que vous ne vous sentiez pas à l’aise d’expliquer votre idée une nouvelle fois. Cependant, gardez à l’esprit le fait que votre partenaire de la coalition doit également être convaincu d’essayer une nouvelle façon de faire. Ils ne doivent pas perdre de vue leur propre programme et leurs préoccupations nationales en matière de sécurité. Si vous êtes déterminé à obtenir leur soutien, il vous faut ainsi faire vos devoirs.
À titre d’exemple, disons que vous avez communiqué avec vos partenaires à l’établissement militaire du Royaume-Uni. Vous souhaiterez aborder le fait que le ministre de la défense a commencé à se départir de ses radios tactiques conventionnelles Bowman. Selon les propos de Janes reproduits en décembre 2018, « le ministre de la défense du Royaume-Uni a émis une nouvelle demande d’information afin d’obtenir les points de vue de l’industrie concernant les radios réalisées par logiciel de nouvelle génération. » Si vous avez accès à des radios réalisées par logiciel pour en faire l’essai, vos pairs britanniques seront plus susceptibles à collaborer avec vous.
5) Démontrer les bénéfices à votre commandement
Une fois que vous avez terminé de faire l’essai de votre test pilote visant à améliorer les communications de la coalition, il reste des étapes à réaliser. Communiquez avec vos officiers supérieurs pour leur offrir une présentation sur vos démarches visant à améliorer les communications de la coalition. En montrant les résultats de votre projet, vous pourrez bénéficier d’une certaine reconnaissance et d’une occasion de proposer d’autres projets.
L’amélioration des communications de la coalition commence à la base
Certains de nos lecteurs pourraient s’emballer quant aux possibilités de mieux communiquer avec leurs pairs. Mais il se peut que vous vous sentiez exclu du processus si vous n’avez aucune communication au niveau international avec les partenaires alliés et la coalition. Toutefois, vous pouvez appliquer les principes ci-haut de façon différente afin d’améliorer l’efficacité des communications et des tactiques.
Par exemple, il se peut qu’un policier municipal ou régional ait peu d’interactions avec des partenaires internationaux. Si vous vous trouvez dans ce genre de situation, envisagez la situation sur le plan local. Pouvez-vous compter sur des forces de police accessibles dans une ville ou un État à proximité? Le cas échéant, songez à communiquer avec ces dernières pour explorer des pistes susceptibles d’écarter les obstacles à la communication.