En mars 2019, les forces aériennes américaines lançaient un satellite de communications militaires de pointe. Ce satellite aurait pour effet d’accroître considérablement la largeur de la bande passante des communications militaires. Mais une seule ombre figure au tableau : l’importance de la protection des satellites contre les perturbations et les attaques d’origines naturelle et humaine. Quelles autres possibilités s’offrent ainsi à vous pour renforcer vos communications militaires?
Gardez une longueur d’avance sur vos opposants en connaissant l’ennemi de vos communications
Avant de commencer à régler le problème lié aux perturbations des communications par satellite, il est pertinent de prendre un peu de recul afin de comprendre ce qui entrave ces dernières. Or, il est impossible de prévoir le moment opportun ou les moyens nécessaires pour pallier ces perturbations sans définir les limites de vos communications par satellite.
1) Perturbations naturelles des satellites
Abordons le problème conventionnel en premier : les perturbations naturelles. On peut imaginer que l’espace extra-atmosphérique n’est constitué que d’un vide où rien ne se passe. Or, une foule d’activités naturelles y règnent constamment. Pour les utilisateurs de systèmes satellites, les éruptions solaires constituent les perturbations les plus importantes. Des chercheurs du British Antarctic Survey notamment, ont trouvé que les protections existantes des satellites sont impropres à les protéger des vents solaires.
Le professeur Richard Horne, auteur principal de l’étude Satellites more at risk from fast solar wind than a major space storm a indiqué que « les composantes électroniques sur les satellites sont généralement protégées des charges électrostatiques par la gaine métallique qui les recouvre. Environ 2,5 mm d’aluminium sont nécessaires pour réduire l’effet des charges à des niveaux sécuritaires, ce qui est bien au-delà de ce qui est actuellement utilisé ».
En théorie, ce risque pourrait être mitigé par l’amélioration du blindage des satellites actuels ou le lancement de nouveaux modèles. Cependant, des améliorations en ce genre s’avèrent peu probables à court terme. Pour cette raison, nous proposons ci-dessous des solutions de rechange aux communications par satellite.
2) Perturbations des satellites par défaillance technique
Contrairement aux appareils de communication terrestre, l’entretien des satellites est difficile en raison des nombreux débris spatiaux qui flottent dans l’orbite terrestre. Selon l’Orbital Debris Program Office de la NASA, plus de 20 000 objets de débris orbitaux d’une taille de plus de 10 cm circuleraient dans l’orbite terrestre. Une seule petite collision suffit pour endommager la capacité d’un satellite. En outre, les réparations et l’entretien préventif sont limités. On peut d’ailleurs se rappeler le long délai qui fut nécessaire pour réparer entièrement le télescope spatial Hubble. De nombreuses missions ont dû être lancées pour corriger le problème.
Dans une situation tactique qui évolue rapidement, on ne peut raisonnablement s’attendre à déployer une mission à la dernière minute pour réparer des satellites. Si ces derniers étaient endommagés par des débris, ce serait un coup de malchance pour vous.
3) Attaques, brouillage et perturbations humaines des satellites
La dépendance des organisations militaires à l’égard des communications par satellite n’est un secret pour personne. Par conséquent, de plus en plus d’efforts sont déployés afin de cibler et de perturber cet élément essentiel aux communications militaires qu’est le satellite. Par exemple, l’Inde a testé une arme antisatellite en mars 2019. Cet appareil dispose apparemment de la capacité d’attaquer les satellites à une altitude pouvant atteindre 300 km. Outre l’Inde, la Chine et la Russie s’affairent à concevoir des armes antisatellites, selon CNBC. La Russie prévoit notamment compléter la conception d’une nouvelle arme antisatellite en 2022. Vous avez ainsi quelques années à votre disposition afin de vous préparer à une nouvelle génération de menaces envers les satellites.
Le lancement de missiles, l’utilisation de lasers et d’autres types d’attaques spatiales ne sont pas les seuls moyens visant à perturber les communications par satellite. Le brouillage radio conventionnel dans un secteur local particulier peut empêcher les forces terrestres d’y utiliser les satellites. Puisque votre capacité à opérer efficacement peut être gravement compromise par l’action ennemie, vous devez vous préparer dès maintenant à faire face à ces menaces éventuelles.
La solution à la vulnérabilité des communications par satellite
Nous vous recommandons d’envisager les communications militaires comme un portefeuille d’investissement. À cet égard, vous devez détenir divers actifs dans votre portefeuille pour atteindre vos objectifs et réduire les risques. Tout comme vous ne déposeriez pas tous vos placements de retraite dans une seule et unique action, vos communications militaires ne devraient pas reposer sur un unique élément. Pour élaborer votre portefeuille de communications, nous vous recommandons ainsi de suivre les étapes suivantes.
Évaluer la dépendance à l’égard des communications par satellite
Évaluez vos systèmes et pratiques actuels en matière de communication afin de déterminer le nombre de personnes susceptibles d’être touchées par une défaillance des satellites. Commencez par étudier l’incidence directe sur des appareils pertinents, dont les téléphones satellites et les appareils GPS. Ensuite, recueillez des exemples de dépendance indirecte à l’égard de la technologie satellite. Par exemple, vous pourriez vous poser la question suivante : les installations de commandement et de contrôle de votre organisation dépendent-elles des satellites pour coordonner les opérations?
Définir l’incidence de la défaillance d’un satellite
Le pessimisme nébuleux entourant la défaillance des communications par satellite ne vous aide aucunement à passer à l’action. Il vaut mieux préciser clairement les conséquences d’éventuelles défaillances. À cet effet, voici quelques aspects précis à évaluer :
- Navigation – Dépendez-vous du GPS pour réaliser vos opérations en utilisant notamment vos véhicules et vos navires? Les membres de votre personnel disposent-ils d’autres systèmes de navigation?
- Vitesse et Débit – Si les communications par satellite venaient à défaillir, vos systèmes de rechange, comme la radio conventionnelle, disposeraient-ils de suffisamment de bande passante pour maintenir les communications?
- Couverture – Les systèmes satellites sont excellents pour couvrir de grandes zones. Mais cette capacité pourrait s’avérer difficile à appliquer ou trop coûteuse à répliquer avec d’autres systèmes.
Inventorier vos systèmes de communication de rechange
Imaginez le pire scénario : vos communications par satellite sont entièrement hors ligne pendant plus de 24 heures. Comment pourriez-vous fonctionner dans ce genre de contexte? Les communications cellulaires et radio représentent probablement le bon choix à faire. Toutefois, un inventaire complet s’avère nécessaire. Par exemple, déterminez le nombre de vos bases qui disposent du personnel formé et d’appareils entièrement opérationnels. Puis en utilisant cette liste d’appareils et d’effectifs en place, mettez ces capacités à l’épreuve.
Vérifier les capacités non satellitaires de vos communications grâce à des exercices
L’examen de la littérature portant sur les communications par satellite, la réalisation d’inventaires et d’autres activités en ce genre ont leurs limites. Afin de valider vos hypothèses, vous devez aller sur le terrain pour y effectuer un exercice. Vous pouvez soit ajouter une composante de « perturbation satellite » à un exercice déjà existant ou créer un tout nouvel exercice consacré à cet effet.
Une fois l’exercice complété, effectuez un examen après action pour évaluer l’effet de la défaillance du satellite. Plus précisément, recueillez des commentaires concernant un nombre plus élevé d’erreurs, des retards opérationnels et des problèmes de déplacement.
Mise en place de lignes de communication redondantes
Après la réalisation d’un exercice d’essai, vous serez à même de constater à quel point vous tenez les communications par satellite pour acquis. Afin de donner suite à cette information, réévaluez vos possibilités qui ne font pas appel aux satellites. Par exemple, vous pourriez envisager l’augmentation de la capacité de vos communications cellulaires. Envisagez d’opter plutôt pour la technologie d’évolution à long terme (LTE) de 4G. En 2013, le département de la défense des États-Unis a commencé à faire l’essai de la LTE militaire (en d’autres mots, il faut éviter d’utiliser les infrastructures civiles de LTE). Ce test a donné comme résultat des vitesses de transmission pouvant atteindre 70 MB/s et susceptibles de convenir à de nombreux scénarios de communication tactique.